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Oulan-Bator, le 15 mai 2008
Derniers jours en Bouriatie :  Visites, visas,valises, souvenirs.

Il y a eu encore deux spectacles à la campagne.
 A Oïmour : une salle exiguë, mal éclairée, mais archi-comble et animée. Nous n’échapperons pas à la sempiternelle visite du musée de l’école, le fourre-tout de la mémoire du village comme ils savent si bien le faire, avec aussi bien des maquettes de batailles contre l’armée allemande ou des contes traditionnels , des os tirés de fouilles archéologiques, des ouvrages en macramé réalisés par les élèves, les photos et les albums de nombreuses personnalités locale…
Mais il ne faut pas rater l’usine à poissons, située à l’autre bout du village. Malheureusement il est déjà trop tard lorsque nous arrivons, les bâtiments sont fermés, le patron est seul : nous ne pourrons profiter que des terrains autour. Ici de vieilles barques, fabriquées entièrement par les ouvriers, s’entassent en attendant le dégel ; là de vieux hangars, des machines, des rangées de supports pour sécher les poissons. Au fond , la jetée sur le lac, allons-y ! Une longue série de planches épaisses, grises et disjointes  qui brinqueballe au-dessus de la surface blanche et immobile, des bateaux pris dans les glaces , la roulotte du « garde-côtes » posée à côté de l’un d’entre eux, à même la surface gelée, et plus loin encore, le coin des pêcheurs… Le lac nous a donc préparé une belle scène d’adieux ! Lorsque nous le reverrons, il aura sans doute endossé son habit d’été.
 A Korsanova, quelques Russes, une majorité de Bouriates ; nous logeons chez la famille d’ Anya, notre accompagnatrice. Voici l’oncle, et la tante : lui travaille dans les mines d’or bouriates, récemment rachetées par le …Canada ; elle est professeur de physique à l’école du village. Il faut travailler dur encore aujourd’hui pour financer les études des deux aînés, alors en plus de leurs métiers respectifs, ils s’occupent toujours des vaches, du jardin, ce sera bientôt la saison. Nous partageons ainsi une soirée autour de leurs souvenirs, de leur envie de connaître notre vie ici et « là-bas » ; il a sorti de vieux diplômes (les siens, ceux des enfants , ceux du frère), sport, études, participation au chantier du transsibérien... après toutes ces années d’efforts, ils restent disponibles, généreux, et leur accueil est très agréable. 
  Dans l’école, on est attendus par une salle pleine, enfants, ados et adultes : à la fin du spectacle, beaucoup de monde s’avance auprès de la scène, un peu envie de toucher à tout ça…Plusieurs essaient le Morin khour, on se bouscule pour voir, on rigole ; la prof de musique est venue, et elle propose à des enfants de nous chanter et danser un air bouriate : c’est comme si la fresque peinte en bas , dans le couloir, se mettait à s’animer devant nous !
   


Derrière la montagne le Baïkal
 
Imré sur le lac gelé.
 
Passage de la Bargouzine.
 

Puis le retour en ville, les visas sont prêts ; maintenant il faut dire au revoir. Mardi soir chez Anatoli (dommage, il n’a pas pu se libérer d’un rendez-vous important sur Moscou), beaucoup d’amis sont là et le petit gradin est à peu près plein. Au premier rang, Alex et Svetla, chacun une rose à la main, prêts à nous l’offrir tout à l’heure après le spectacle, et toute leur famille, bien habillée, sérieuse ; il y a aussi les sculpteurs, leurs proches, les étudiants et profs de français ; les membres de l’association de Vika et les étudiants de théâtre. Des discours, des remerciements, des cadeaux, un tableau, un poème, une chanson, les photos, les petites larmes d’émotion : c’est une vraie soirée d’adieu mais ça n’empêchera pas plusieurs amis de vouloir nous revoir à tout prix le vrai jour du départ c’est-à-dire samedi 19 avril. Ce jour-là , l’appartement est vide, le camion nous attend en bas des cinq étages, les propriétaires, un balai et un pinceau à la main, écoutent tout heureux  notre dernier morceau de musique, et nous filons retrouver nos fidèles devant le théâtre ; c’est la fin de l’après-midi, il fait encore bien froid et Alex tremble sous son anorak ; lui et les autres nous ont attendus longtemps, photo, embrassades, et maintenant ça y est on démarre…
On passe deux jours tranquilles sur la route ; les quelques villes rencontrées ne sont pas bien gaies, nous leur préférons les villages, nichés au bord de rivières charriant encore de gros blocs de glace, encadrés par des chaînes de montagnes annonçant déjà les nouveaux paysages.
Lundi en fin de matinée, le camion est  devant le portail posé sur la route à la frontière russo-mongole. Nous entrons en premier (les autres conducteurs nous ont gentiment laissés passer), et nous nous dirigeons vers le parking « d’attente ». Quelques heures plus tard, à cause d’un coriace et trop zélé chef douanier, nous comprenons que ce ne sera pas pour aujourd’hui : du fond de sa mémoire administrative, il en tire l’obligation pour nous de lui prouver que nos violons ne sont pas des Stradivarius achetés sur le territoire russe, en fuite vers l’étranger…Le ridicule de la situation est complet, le demi-tour aussi : deux jours de perdus . Dans la soirée nous sommes à Oulan-Oudé ; Anatoli est rentré de Moscou, une fois de plus, il sera le « déclencheur » de la suite de nos aventures. Le lendemain matin il nous entraîne, avec son administratrice, dans un des bureaux du ministère de la culture, un de ces bureaux, un de ces personnages si bien décrits par Kafka ; la porte nous claque au nez (Svetlana nous dit « c’est le vent », mais personne n’y croit vraiment) , quand c’est notre tour,  on ne sait pas si on ressortira indemne, munis du bon tampon, du bon document. Anatoli est un comédien et metteur en scène professionnel : il connaît les pièges que lui tend son interlocutrice, il ignore les menaces, réexplique la situation, devient menaçant à son tour, et finit par extirper la signature, le tampon, les quelques lignes nécessaires à l’ouverture du portail, là-bas, à deux cents trente Kms au sud de cette table, de cet ordinateur.   
Et ça a marché ; après un au revoir élégant de la dernière douanière russe (« nous sommes les premiers touristes de la saison à cette frontière… »), après seulement une heure et demie dans les postes de contrôle mongols, une dernière barrière s’est ouverte, le dernier policier ne nous a même pas regardés passer, indifférent à tout cela, et nous avons fait nos premiers kilomètres dans cette petite ville frontalière avant d’attaquer l’immensité des steppes . Il y avait, comme tous les jours sans doute, beaucoup d’animation : les minibus de passagers , les petits camions chinois de marchandises, souvent conduits par des femmes, les étals du marché le long des grillages de la frontière, les changeurs de monnaie , les écoliers sur le bord de la route.
Le changement est radical ;comme si la nature elle-même avait marqué sa frontière, nous nous retrouvons tout à coup au milieu de grandes étendues, et à part les villes, plus de maisons ou d’immeubles, mais des yourtes ; elles sont là, sagement entourées de palissades dans de coquets petits villages, ou bien on les aperçoit de loin en loin , au détour d’un virage, au sommet d’une côte, petites cloches de feutre grises ou blanches, posées sur le flanc d’une montagne, au bord d’une rivière ou d’un lac.
Les premiers troupeaux aussi : quelque soit l’animal, chèvres, moutons, vaches, yacks et, plus rare mais très drôles, des chameaux aux bosses qui tremblotent, ils traversent tous très tranquillement, pas effrayés par les véhicules, obéissant seulement aux magnifiques cavaliers, leurs bergers, eux-mêmes juchés sur de belles montures, le manteau traditionnel, le « deel », serré à la taille par une ceinture de soie colorée, fourrant toutes leurs affaires  (argent, nourriture) directement sous leur habit, leur faisant à eux aussi une bosse, mais à l’avant cette fois-ci .
 Le paysage  se décline en jaune et gris car le printemps tarde à arriver, avec de belles couleurs orange et des ciels bleus ou mauve le soir ; tout est sec, aride, et le temps hésite encore, maussade : tempêtes de sable ou de neige ? Les deux pour notre yourte, ce qui nous vaudra de la démonter et remonter entièrement ,là où nous sommes installés, à Gachuurt, non loin d’Oulan-Bator, chez nos amis Côme et Gerel. Une belle leçon de montage donnée par le gardien , qui estime qu’il faut scier les deux poteaux de la yourte: on a gardé les deux petits morceaux en souvenir, on a pas le cœur de les brûler, adieu la hauteur rêvée pour les spectacles en France, on est en Mongolie, le vent c’est le vent, une ger c’est une ger basse.
 Pour la première fois, nous nous servons du poêle… placé au centre , il réchauffe les enfants qui trouveraient les nuits encore bien fraîches sinon (il a gelé encore jusqu’à la mi-mai).


Ganpourel le professionnel
de notre yourte
 
C'est curieux y'a pas de vague
 
Chercheur d'or

Danse Bouriate
 
Oulan-Bator, dans quelques années la ville sera méconnaissable, car de nombreux buildings s’étendent vers les quatre points cardinaux et étirent l’ancien plan des avenues soviétiques vers de nouveaux horizons, pas forcément plus réussis dans leur architecture. Dans les grandes artères, les cireurs de chaussures, les vendeurs de cigarettes à l’unité, ceux qui proposent un coup de fil, leur téléphone à antenne à la main, ceux qui attendent le client, un pèse-personne posé par terre devant eux, les bouquinistes, tous ceux-là font face aux symptômes de la grande ville en expansion : bouchons, 4/4, sirènes d’alarmes, conducteurs pressés et agressifs, pollution (nombreux sont ceux qui portent un « masque de chirurgien » en coton blanc, ce qui donne des allures de couloir d’hôpital aux trottoirs parfois)…Quitte à se promener dans l’agitation, autant fréquenter le grand marché « Narantuul » de la ville, sorte d’immense caverne d’Ali-Baba de la capitale.
Au bout de ces quelques semaines, nos explorations ne nous ont pas menés encore très loin : école le matin pour les enfants, et différentes démarches nous obligeant à aller régulièrement à Oulan-Bator. Nous avons cependant rencontré une famille de Français qui voyage depuis un an, et découvert grâce à eux le parc naturel de Terelj, passé des moments sympathiques ensemble.
Les projets de spectacle s’annoncent enfin, par l’intermédiaire de nos amis,  dans des villages assez proches d’ici, mais aussi dans le parc national du lac Khövsgöl, au nord du pays, grâce une autre personne, Tuya, rencontrée à Oulan-Bato et originaire de cette région ; l’occasion, espérons, de côtoyer d’un peu plus près les habitants, d’échanger quelques moments ensemble.


Notre campement chez Côme et Gerel
 
Les enfants de Ganpourel et de Baïrma.
 
Dans la vaste plaine.
 

Oulan-Bator le 15 juin

En cette fin de mois de mai, les rafales de vent et de pluie continuent rageusement de tourmenter le toit de la yourte mais pour nous l’occasion se présente enfin d’aller jouer dans deux villages accompagnés de Côme et Gerel ainsi que leurs deux enfants, Tinghis et Tamkha.
A quelques kilomètres de rocaille et de poussière de Gachuurt, on s’enfonce dans la vallée de la Toul, en sillonnant entre de nouvelles palissades qui surgissent d’un peu partout en ce moment. Pour la première fois dans son histoire la Mongolie dresse ses cadastres et délimite les propriétés privées :depuis quelques jours des clôtures poussent aussi bien dans les villages, dans les derniers recoins utilisables, qu’en haut des collines les plus arides. Adieu les courses de chevaux sans fin à travers des plaines sauvages ; en même temps que notre regard bute sur ces nouveaux murs, je pense à ces pauvres bêtes qui devront dorénavant s’entraîner au saut d’obstacles pour Naadam…Par contre la course à la spéculation immobilière a certainement déjà bien commencé, vu l’entrain avec lequel chacun tape sur ses piquets, du pied jusqu’en haut de SA colline désormais !
Nous voilà arrivés. Ici pas encore de nouvelles barrières ;il est dix heures du matin et nous jouerons dans une heure environ. Nos amis Thierry, Marie, et leurs trois filles Amélie, Gabrielle et Clémentine sont venus et nous prêtent main forte pour installer le gradin à l’entrée du village. Gerel a obtenu l’accord du gouverneur et celui-ci se charge d’annoncer le spectacle aux habitants.
Pour ce premier spectacle en Mongolie, l’herbe tendre , les bouses séchées et le ruisseau sont notre scène ; la toile de fond c’est la forêt qui grimpe vers ces montagnes. Malgré le vent qui complique un peu les choses, le gradin s’est rempli, le public s’intrigue devant les objets sauvages des Kazamaroffs, et Dimitri, arrière-arrière-petit-fils de Léopold, passe pour un connaisseur avec son grand bâton : les Mongols revoient en lui le dresseur de chevaux. Le Khour a lui aussi attiré l’attention, tandis qu’il faisait danser la balle aquatique. Dans cet endroit qui pourrait être un autre Tchevengour, les objets de la famille ont trouvé leur « second souffle », déterrent une nouvelle racine de leur arbre généalogique et nous racontent une autre vie.
Une habitante nous invite chez elle à l’issue du spectacle : après avoir traversé une grande cour nous entrons tous  dans l’une des deux maisons, la table basse avec le thé au lait salé et les beignets nous attend ; on s’assoit sur les lits et les tabourets et l’on passe l’après-midi à discuter par l’intermédiaire de Gerel , à jouer de la musique, et à les écouter chanter, les deux sœurs et la mère, tandis que dehors, l’un des fils fait faire un tour à cheval aux enfants.
Le week-end suivant Thierry et Marie ont repris la route vers d’autres horizons ( salut à vous 5, bonne route et nous espérons bien vous revoir un jour !) et nous repartons vers un autre village de la même vallée, un peu désert, plusieurs terrains sont vides (des yourtes qui ont déménagé pour l’été, ou des habitants qui ont trouvé ailleurs de meilleurs pâturages pour leurs animaux ) ; la propriétaire du magasin du village nous enjoint cependant de nous installer sur la place : une vaste zone verte et plate où sont plantés un panier de basket , les poteaux du terrain de volley et où un cercle de pierres enfouies à ras du sol dessine l’espace pour la lutte mongole, très populaire dans tout le pays. Ce cercle ce sera notre scène ; c’est aujourd’hui la fête des enfants et une ribambelle de gamins, sachet de sucreries à la main, vient s’asseoir sur le gradin. Quelques adultes aussi ; mais côté spectacle, pas le même succès que la semaine dernière ; nous profitons de la compagnie de Côme et Gerel pendant ce dernier dimanche, car en effet, demain, nous partons beaucoup plus loin

 


C'est quand qu'on bivouac
 
Déshabillage

Ecrémage du lait

Jour de tempete
 

Province de Khövsgöl, 2 au 13 juin

Nous avons quitté les horizons d’Oulan-Bator pour aller voir vers le nord-ouest du pays. C’est par Tuya, directrice d’une agence de voyages, que le projet s’est mis en place. Enki est notre guide ; ce lundi matin, il a troqué son costume de bureau contre la casquette , le tee-shirt et le jean. Nous allons avec lui au garage de l’agence ; on charge sa tente, ses affaires et plusieurs dizaines de kilos de riz et de biscuits pour tous ceux qui nous accueilleront. De notre côté nous avons allégé au maximum le camion car les chemins promettent d’être difficiles. Le soir à Erdenet nous dormons chez une vieille dame amie de Enki ;sur le terrain, ses enfants ont presque démonté sa yourte, tandis que sa cabane en bois, dans un coin du terrain, sert de résidence d’été .La yourte dormira au sec sous le toit de la cabane pour éviter de pourrir sous les averses d’été. En chemin nous verrons ainsi bon nombre de ces déménagements, qui ont lieu deux fois par an, chaque famille se déplaçant en général de quelques dizaines de kilomètres : la camionnette (ou parfois, pour des petits chargements, la charrette) disparaissant sous l’amas des murs en feutre, du poêle , de la moto, du « tonoo » couronnant le tout avec un petit chevreau ou agneau juché au sommet de l’équipage, fragile et comique vigie ballotant au gré des cahots de la route, tandis qu’à terre, le troupeau et les membres de la famille, à pied ou à cheval, progressent au rythme de quelques kilomètres par jour ; quelques-uns décident d’aller sur Oulan-Bator, très loin d’ici, à plus de deux mois de marche…
… depuis la petite ville de Bulgan, c’est à la piste que nous avons affaire, une sacrée piste qui n’épargnera aucun des boulons du camion. Il faut se fier aux conseils d’Enki, natif de cette région qu’il connaît par cœur, au savoir-faire de Gérard (il a serré les dents plus d’une fois !), et adresser trois coups de klaxon à chaque övöo que l’on dépasse : ces petits ou grands monticules de pierres ou de branches, recouverts d’écharpes bleues et orange, de tissus de prières, sont censés aider les voyageurs dans leur parcours…Il reste aussi quelques poteaux indicateurs qui n’indiquent que ce que l’on sait déjà (rétrécissement, passages sans issue) ,dérisoires et ironiques témoins de nos dérapages et rebondissements d’une piste à l’autre, d’une flaque de boue à l’autre , car bien sûr l’endroit est très beau , très vert, mais c’est bien parce qu’il pleut souvent. De grosses machines de chantier sont en train d’aménager une route qui conduira les cars de touristes sans leur abîmer le dos jusqu’à Tarialan ; mais ce n’est pas pour cette année (tant mieux !), car les travaux  avancent très lentement dans cette vallée de plus en plus sauvage. Sauvage mais pas inhabitée car de loin en loin apparaissent les maisons d’été des nomades, toutes en bois recouvertes d’écorce de bouleau ou de sapin (la région est l’une des plus boisées de la Mongolie) ; certains viennent d’emménager il y a quelques jours seulement.
 Après le village de Hutag-Ondor , Tarialan est la ville la plus importante de tout le district ; avec ses chevaux et ses motos qui attendent devant les magasins, ses restaurants au menu unique ; avec ses mini-bus en partance vers les grandes villes , le stade aux grandes portes peintes où ont lieu les festivités de Naadam , ses maisons entre lesquelles on se faufile en poussant son bidon d’eau sur un petit chariot, avec son terminus de ligne électrique, Tarialan est une ville d’ailleurs où le temps s’étire et s’apaise. Malgré tout, le réseau de téléphone portable marche ; et en quittant la ville, nous ramènerons un jeune garçon venu de la steppe recharger le portable de sa famille en ville !  
Le camion se lance en zigzagant le long de la vieille ligne téléphonique ; la ligne électrique étant en chantier et le village d’Erdenebulgan devant être raccordé cet été, « après Naadam », comme on dit ici…

     

Campement un jour de tempête

Liouba au tambour

Notre public dans les steppes

La traversée d'un gué

Spectacle dans les steppes
 

C’est à partir d’Erdenbulgan que pendant plusieurs jours nous ferons notre « tournée », longeant la rivière Uur Gol, bivouaquant non loin des familles qui vivent dans cette vallée.
Il y a des choses essentielles dans la vie d’ici : l’hiver, la yourte, les enclos, l’isolement et le combat contre le froid et les loups ; l’été, la transhumance, la naissance des petits, la tonte des adultes, au ciseau, un par un ; on  fait sécher le fromage au soleil, on sort l’alambic pour l’alcool « maison » ; et dans ces maisons à pièce unique, où les meubles décorés de la yourte sont venus prendre place, entre les valises et la télévision, où l’on s’assoit sur des lits de rondins de bois, en prenant garde à ne pas réveiller un nouveau-né emmailloté dans ses couvertures, le thé attend toujours les visiteurs dans les grandes bouteilles thermos, avec le yaourt et le beurre séché. C’est le midi souvent que nous avons joué, car c’est un moment de repos dans la journée des nomades , la steppe comme décor, des billots et des troncs comme sièges pour le public, environ deux ou trois familles , soit une vingtaine de personnes à chaque fois ; plusieurs ont enfilé leur « deel » pour l’occasion, suivent attentivement, sous un soleil cuisant, nos aventures, nous souhaitent une bonne route pour la fin de ce périple.
 Et aussi une séance de cinéma sous les étoiles, un soir sans pluie, avec un joueur de khour, à qui j’ai prêté mon instrument , nous montrant ses talents sous la lumière d’une lampe torche. Autre soir sans pluie, lorsque nous avons joué à Erdenebulgan ; ce jour-là, entre deux départs de mini-bus pour la ville, la commerçante passe notre annonce par son micro, diffusé dans tout le village . Malgré cette publicité nouvelle pour nous, seuls quelques enfants se trouvent autour du cercle de pierres le soir même. Progressivement ,le public est arrivé  : ceux qui revenaient de la rivière, ceux qui y allaient, ceux qui passaient par le magasin, ceux qui sortaient du travail, gros camion vrombissant juste derrière nous, motos pétaradantes, adultes et enfants, formant à la fin un grand cercle animé autour de notre cercle de cailloux, peu décidés à partir à la fin du spectacle, occupés à observer les instruments de musique, les balles de jonglage, prendre quelques photos sur le téléphone portable, poser des questions à Enki.

 Voilà, tous ces cavaliers et cavalières, tous ces enfants et ces adultes qui emmènent leurs vies à travers la steppe et la montagne, avec ces vieilles charrettes à deux roues, Léopold Kazamaroffs les avait un jour trouvés, avait fait grincer ses roues dans ces chemins ; avait pu admirer ces fiers dresseurs, lui, l’indomptable chercheur de soleil,  avant de rentrer chez lui… Alors de si loin , après tous ces pays, ces villages traversés, ces musiques et  ces histoires entendues, ces repas partagés, ces amis surgis d’un peu partout , nous avons lentement rebroussé chemin, rembobinant dans nos mémoires , au long des routes, le scénario de ces rêves auxquels nous tenions, déformés par la réalité comme à travers les miroirs des foires, et annonciateurs d’autres envies, d’autres voyages peut-être !

         

Ouvriers du barage électrique local

Tania au Morin khour

Transhumance

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