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En attendant les clefs on joue.
 
Amina compte jusqu'a 30.
 
Imre notre super projectioniste.

Vadim passionné de jonglage.
 
Les plus assidus du stage.
 
Un quart d'heure avant le spectacle.
         

Sur la route le 15 août 2007

A Rakhnivka, nous nous installons donc dans la cour de l’école qui donne sur un vaste parc assez bien entretenu (ne serait-ce cette sale manie des grands ou petits de jeter leurs papiers de glaces ou autres un peu partout) sur lequel veille une statue du père de la littérature ukrainienne (c’est ce qu’on nous en a dit), Chertchenka, mort en 1964, honoré dans de nombreuses cours d’établissements scolaires à travers tout le pays. En ce moment l’école de Rakhnivka comme celles d’alentour prépare une « visite-contrôle » des autorités régionales et c’est le branle-bas de combat : élèves, professeurs et différents agents s’activent à repeindre les salles, les parquets , les pupitres, dans des tons vert clair et marron (ils doivent avoir des consignes, vue la laideur de l’ensemble…) ; à côté du bâtiment , une petite annexe se construit et ce sera pour nous l’occasion d’improviser un concert à la pause déjeuner pour les travailleurs, en faisant également ainsi la publicité pour le spectacle qui a lieu le lendemain ; pour une fois en effet, les ateliers et la séance de cinéma clôtureront notre séjour au lieu du spectacle, ce qui n’empêche pas le public de s’être déplacé pour ce premier dimanche que nous passons dans leur village ; ici les informations circulent très vite et dès la deuxième séance d’atelier, il y a presque trop de monde. 30 personnes, impossible de faire fonctionner l’activité correctement ; nous expliquons que les trop jeunes enfants ne peuvent participer, et pour les adultes, il vaut mieux qu’ils s’entraînent à la fin des ateliers pour laisser les autres travailler dans de bonnes conditions. Tout se passe bien finalement et l’atelier cirque notamment a fait naître de véritables passions chez certains ; en musique je rencontre la jeune violoniste Katia avec laquelle nous préparons un petit duo pour la présentation du travail au public le deuxième week-end ; le jour arrive, le public n’y sera pas , mais les motivés des ateliers, oui !
Cette présentation précède notre projection de films qui a lieu comme d’habitude dans le fameux « club », introduit cette fois-ci dans sa cour par un buste de …Lénine, que les enfants, interrogés par nous, ne reconnaissent pas tous du premier coup. Orné de rideaux (toujours ce vert pâle, comme à l’école), avec une scène très haute que décore une fresque bucolique et une salle en pente aux fauteuils bordeaux pas trop abîmés, ce club a un air de coquetterie fanée qui change de ce que nous avons déjà vu. Ce qui ne change pas par rapport aux autres clubs, c’est l’attente de la clé, et, une fois le lieu ouvert, cette odeur de renfermé et de poussière qui n’altèrera en rien la bonne humeur générale durant toute la séance ; et faute de public chacun applaudit et s’amuse des performances des autres. Les jeunes passionnés de jonglage s’intéressent aux deux films tournés sur place que Gérard leur montre à la fin de la séance : ils reconnaissent lieux et personnages ; cela ne dure que quelques minutes mais les amuse beaucoup. Ils n’avaient sans doute pas vu le kolkhoze ou les gardiens des vaches sous cet angle-là !
Le kolkhoze de Rakhnivka est immense et regorge de différentes places pour aller faire paître ses bêtes ; encore aujourd’hui au milieu des bâtiments dépecés par tous pour réparer d’autres habitations, on voit errer en journée un fermier et sa vache, une fermière et ses chèvres. Bien qu’il ne soit la propriété de personne pour l’instant , il semble qu’entre eux les « utilisateurs » se soient accordés des espaces que leurs animaux se doivent de respecter ; Gérard a surpris une conversation entre deux habitants à ce sujet, qui ne prête pas à plaisanterie visiblement…De notre côté nous ramènerons malgré nous un souvenir de cet endroit : comme c’est effectivement une sorte de vaste entrepôt de récupération et de bricolage pour tous, l’un de nos jeunes apprentis jongleurs en a ramené une planche parfaitement taillée aux dimensions d’une planche à rouleau qui avait été cassée lors d’un atelier et l’a offerte à Gérard ; et voilà pour le kolkhoze !

         

Les coulisses du kolkoze.
 
Kolkoze une étable de 120 vaches.
 
Intermède musicale pour les ouviers.
         

Cloche d'une petite église; un obus coupé en deux.
 
Séchage du bois pour planche à découper le saucisson.
 
Notre douche chez Natacha.
 
Les vaches attendent le bus.
 

De fait les qualités de service et d’accueil des Ukrainiens ne se démentent pas et nous continuons à être « aux petits soins » : chaque jour , Natacha et d’autres personnes nous apportent non seulement de la nourriture mais aussi des plats préparés, c’est le luxe ! Le maire est quant à lui passé nous voir tous les jours pour demander des nouvelles, régler tous les détails d’organisation (d’ailleurs il a eu le soin lui-même d’informer la police locale de notre présence et nous n’avons jamais été contrôlés, ce qui est nouveau) et nous a envoyé un journaliste pour une petite publicité dans le journal de la région. Nous sommes partis du village avant la sortie de l’article ; dommage, le premier en cyrillique, cela aurait ému notre ancêtre Léopold Kazamaroffs.
La veille de notre départ nous sommes allés jouer au village voisin, dans lequel travaillent deux jeunes polonais bénévolement pendant l’été en organisant des activités pour les enfants. C’est aussi le terrain de jeux de l’école que nous occupons après autorisation du directeur ; celui-ci nous explique à son tour son histoire de contrôle (on a bien remarqué les peintures verte et marron fraîchement refaites !) et apporte sans problème les chaises et les bancs nécessaires au spectacle. Nos enfants ont ainsi l’honneur de s’asseoir sur LES chaises du bureau du directeur pendant tout le spectacle.
Après le spectacle, celui-ci vient parler avec nous de ses passions : les langues et les manuels de physique-chimie européens (contactez-nous, si vous possédez des ouvrages de ce type ! ) ainsi que les vieux billets, européens et russes. Ca  tombe bien, Gérard les collectionne aussi : voilà notre directeur très heureux qui saute sur son side-car et revient une demi-heure plus tard lui offrir toute une liasse. Les adresses sont notées et nous nous écrirons.
Ensuite il y a eu deux jours de pluie , deux jours de torrents de pluie qui ont détrempé tous les chemins ; et bien sûr, le camion s’est embourbé en sortant de la cour de nos amis. Pour la deuxième fois au cours de notre voyage c’est un tracteur qui nous sauve. Merci, Ikha, conducteur de ta robuste machine, tu nous as tirés d’affaire en quelques tours de roues !

Aujourd’hui nous apprenons qu’un fax a été envoyé sur Kiev confirmant l’arrivée de notre lettre d’invitation en Russie dans quelques jours ; enfin les visas ne sont plus qu’à quelques centaines de kilomètres et quelques paperasses de nous ! Nous nous dirigeons donc tranquillement vers la capitale ukrainienne en prenant des nouvelles des dernières démarches à accomplir pour le passage en Russie
         

Petite boisson rafraichissante.
 
Notre campement au "Snipper".
 
Vitraux de la maison de l'Ukraine.
 

Kiev le 3 septembre 2007

Arrivés deux jours plus tard à Kiev, nous trouvons après quelques détours le camping indiqué sur notre carte : il s’agit en réalité d’un motel qui accueille sur ses terrains un centre de tir ( !) et , sur le parking, des T.I.R d’un autre genre pour des haltes d’une nuit avant de repartir entre 5h et 8h le lendemain matin…Donc un endroit bucolique et charmant au milieu de cette vaste forêt qui borde la capitale à l’ouest, et dont la poésie se retrouve toute entière dans son nom :Le « Snipper » ! Mais impossible de trouver autre chose de plus près pour stationner auprès de la ville, ni de moins cher (10 grovnis par jour seulement, soit environ 1 euro 50), avec eau chaude et branchement électrique à disposition. D’autre part, l’endroit étant sûrement bourré d’armes et de munitions (ah oui, j’oublie de dire que notre emplacement se situe à l’angle du parking et de l’arsenal) ,il est étroitement surveillé jour et nuit et nous pouvons partir en journée en laissant notre remorque sur place sans souci. Pour ce qui est des détonations et des stages de tir, nous sommes copieusement servis certains jours mais heureusement pour nos oreilles, nous avons à faire à Kiev tous les jours et ne passons que les nuits et les matinées sur place.
Au consulat, nous apprenons que les copies de nos lettres d’invitations ne suffisent pas et qu’il faut attendre que l’original arrive par courrier (nous avons obtenu une adresse sur la ville par notre ami Sacha) ; nous repartons à nouveau vers la campagne aux alentours pour patienter « au vert ». C’est l’occasion de se baigner dans le Dniepr, qui n’accueille pas trop de moustiques ni de touristes sur ses berges et nous cherchons ensuite un village au hasard pour nous y installer. Or, la région de Kiev est une zone marécageuse assainie par endroits par d’énormes systèmes de pompage et de drainage et les villages y sont assez rares. Pendant des kilomètres la digue ne longe qu’une succession de clôtures très laides en béton , qui délimitent d’immenses propriétés privées dont les habitations, récentes ou encore en construction, rivalisent de mauvais goût et de folies des grandeurs. Nous croisons quelques maires qui nous mettent à la porte en quelques minutes ; au bout de trois jours de tentatives, nous rencontrons une élue qui s’intéresse à notre projet ; malheureusement un coup de fil (demande d’autorisation) aux autorités régionales fait tout échouer (refus incompréhensible d’un pouvoir hiérarchique lointain, jamais impliqué culturellement dans ces petites communes !) et nous rentrons penauds au bout de 4 jours au « Snipper ». Ainsi toute l’équipe de jour comme de nuit nous connaît, sait pourquoi nous sommes là à faire les touristes sans y ressembler tout à fait , et nous voilà à tuer le temps (enfin c’est plutôt lui qui nous tue ce coup-ci) dans les rues de Kiev en attendant ce fameux courrier sibérien.
La ville de Kiev garde le passé de nombreuses influences dans son architecture et on rencontre ainsi encore plusieurs étoiles russes sur des monuments ; tandis que la place principale a été entièrement rénovée depuis 2002 pour accueillir de nouvelles statues et sous terre une galerie commerciale semblable à toutes les galeries commerciales européennes. Nous nous concentrerons donc sur des endroits plus intéressants.
Tout d’abord la gare centrale et sa « cour des miracles », trottoirs remplis de clochards les plus mal en point, sa cohue permanente autour des mini-bus qui relient la capitale à de nombreuses grandes villes (les chauffeurs jouent de leurs mégaphones pour proposer tarifs et destinations) , ses chariots et ses porteurs, ses citernes de « kvass » ukrainien (j’ai goûté, ce n’est pas très bon), son hall d’arrivée et sa salle d’attente immensément hauts et dont les murs sont ornés des peintures représentant les villes d’Ukraine, et son cyber-café qui nous relie à la famille , aux amis, aux nouvelles.


Réunification de l'Ukraine avec L'URSS, c'était en 1945.
 
Assèchement des marais.
 
Un marais encore vivant.

Lénine à la campagne.
 
Lénine à la ville.
 
Cirque en dur.
 
L'histoie à l'entrée d'un village.
 
On adore les nombreux marchés de Kiev ; ce sont de véritables quartiers , dédales de boutiques toutes plus minuscules les unes que les autres où l’on trouve un choix d’articles bien plus large que ce que nous offrent nos tristes centres commerciaux, neuf ou d’occasion. Les marchés (« bazar » ou « rinok ») sont ouverts tous les jours du matin au soir et sont regroupés par thèmes : marché touristique (c’est pour les matriochkas et les châles russes), marché aux chaussures, marché aux livres, marchés des téléphones mobiles et matériel informatique (« radiorinok »), sans oublier le splendide marché Bessarabique (halles en plein cœur de la ville).
Au marché aux livres je n’ai trouvé que quelques partitions ; nous allons à la sortie d’une répétition de l’orchestre philharmonique pour tenter d’avoir une adresse. Les musiciens nous apprennent qu’il n’y a plus UN seul magasin de partitions depuis deux ou trois ans et qu’ils cherchent tout sur internet ; je suis abasourdie…une chance d’avoir trouvé des ouvrages aux puces alors ! Michaël, un violoniste de l’orchestre, m’apporte le lendemain quelques vieilles partitions à lui, et c’est tout. Pour sa caméra Super 8, Gérard peut toujours essayer les …magasins d’antiquités ! Ici on n’aime pas trop les vieilleries et on ne collectionne pas les vieilles mécaniques. Dans les rues, que des voitures neuves (hélas les belles Volga et autres véhicules trentenaires se font rares) et notamment des gros tout-terrain blindés détestables. Comme dans tous les autres endroits que nous avons traversé les habitants de Kiev sont agréables et sympathiques mais subissent une métamorphose fâcheuse dès qu’ils sont à leur volant et deviennent de dangereux conducteurs pour les piétons comme pour les autres voitures !
Puis nous fréquentons également un petit parc d’attractions dont les manèges ressemblent en plus décrépit à ceux de notre précédente étape (Bila Vtchéra) , et dont le charme agit grâce aux employés qui leur donnent vie et actionnent inlassablement leurs leviers, attachent les bambins à l’aide d’écharpes de laine, et freinent les engins à la main, tout ça depuis deux trois ou quatre générations car le parc date des années 70.
Nous avons goûté aux plages de Kiev, et même si la plage est jonchée de mégots (en matière d’environnement et de respect de la nature il y a fort à faire encore en Ukraine !), l’eau est assez claire ; puis nous sommes allés au centre culturel français qui a rouvert ses portes le 1er septembre et nous nous plongeons tous avec délices pendant des heures dans les lectures des journaux et des livres.
LA lettre venant d’Oulan-Oudè est enfin arrivée vendredi dernier.
Encore quelques lectures et quelques tickets de manèges et nous irons faire un tour plus loin car dès demain après-midi nous irons chercher nos visas et mercredi matin, « davaï » !
         

Et toi Lysiane et toi Audrey ça va ?
 
Attention au décrochage.
 
En route vers le déset de Gobi.
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