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Téplö  17 juillet 2007


A Staryy Sambir il y a 10 jours nous étions descendus demander notre route ,adresse en main, dans une épicerie ; aussitôt, clients et vendeuses, tous se sont démenés pour chercher ce petit village et nous expliquer la direction à prendre : on passe des coups de fil, on regarde l’annuaire, bientôt ils nous conduisaient eux-mêmes là-bas. Cette façon simple et généreuse de rendre service ne s’est pas démentie par la suite car à Téplö ce sera la première fois depuis le début de notre voyage que dans les heures qui suivaient notre arrivée les habitants nous ont apporté quantité de sacs plastiques remplis de pommes de terre, lait, oeufs , pain, beurre , pas la peine de se ravitailler nous aurons tout ce qu’il faut.
L’affiche du spectacle avait été rédigée avec l’aide d’un jeune du village (et dix autres autour de lui à conseiller, critiquer, mettre leur grain de sel dans l’affaire) et punaisée sur le tronc d’arbre à quelques mètres du campement. Depuis tous les jours quelqu’un est venu apporter de la nourriture ; entre autres Liouba ( ce qui veut dire « amour »), qui apporte un gros bouquet d’aneth frais, mon régal !
Le style de ces babouchkas au sempiternel fichu sur la tête et tablier autour de la taille contraste avec le «  nouveau style » des ados et des jeunes. Chez les garçons et les hommes notamment c’est le style militaire qui prédomine et on voit tous les jours passer ces tristes ensembles « camouflage ». Néanmoins, des « vrais » sont venus contrôler nos passeports dès le deuxième jour et nous pensons qu’ils avaient été « envoyés » par le maire qui n’a pris aucun intérêt à notre projet artistique mais voulait juste vérifier que nous nous n’étions pas des Tsiganes, comme il nous l’avait lui-même demandé ! Cette brève rencontre n’a duré que quelques minutes et a plus ressemblé à une petite démonstration d’autorité qu’autre chose ; on nous a laissés parfaitement tranquilles tout le reste du séjour.
Quant aux jeunes filles et aux femmes, style militaire moins marqué (des variantes « sport »,  mini-jupes et robes le dimanche), et toujours des chaussures à talons hauts ou même très hauts. Je ne comprends pas comment toute cette garde-robe reste toujours impeccable alors qu’il n’y a que des chemins, et que bien souvent on lave encore à la main !

         

Atraction à la sortie de la messe.
 
C'est pas mal chez eux.
 
Et ils vont jusqu'en Sibérie.
 
Pris sur le vif.
 
Ici, les portables , les paraboles, les puits, les charrettes aux roues parfois encore en bois que l’on conduit debout , les brouettes modèle « facteur Cheval », les vélos pliables « années 70 », les scooters tout neufs ,les chevaux que l’on monte à cru, les antiques voitures et les Renault derniers modèles, les tracteurs surannés et les nouveaux mini-bus qui emmènent les passagers à la ville, tout cela se côtoie sur fond de potagers bien entretenus au pied des contreforts des Carpates où se niche Téplö. Notre emplacement se situe « au cœur » du village : entre l’église et la poste, face à l’arrêt de bus et à l’école, dont les grilles, restées ouvertes pour les vacances, laissent les vaches et les chevaux aller paître la pelouse du terrain de foot . L’un des chevaux sans doute un peu trop épris de liberté a les deux pattes avant « menottées » par un lien solide qui le fait claudiquer piteusement de notre terrain à celui de l’école : les lois de la campagne sont dures parfois…
Le village comprend 1000 habitants environ mais quasiment une seule rangée de maisons s’étire sur plusieurs kilomètres  le long d’une petite route unique qui se transforme au bout en chemin, si bien qu’on a l’impression de se retrouver dans un endroit très peu peuplé. De notre place, la pente descend doucement vers les kolkhozes abandonnés, piquée çà et là d’ossements de ferraille de machines agricoles appartenant à une autre histoire ; ce qui confère au tout un air un brin fantomatique et désolé. Néanmoins certains bâtiments sont en cours de réhabilitation et quelques ouvriers redonnent vie à l’endroit en journée. Au fond, la colline recouverte de sapins qui jouent aux ombres chinoises avec le coucher du soleil, paradis des amateurs de champignons dont nous nous sommes régalés,  et que nous avons cueillis sur les conseils savants de notre jeune voisin Sacha, petit citadin d’Odessa, en vacances en ce moment chez ses grands-parents.
A côté de nous, la poste partage ses locaux avec  le centre sanitaire ; c’est une maison en bois précédée comme souvent ici d’un patio aux vitres manquantes autour de la porte d’entrée : ça ne fait rien, on ferme avec un gros cadenas le soir, on a des principes.  A l’intérieur, deux autres portes indiquent quel service elles abritent ; côté poste , un vestibule étroit aux murs recouverts d’affiches et d’informations diverses (catalogues, magazines pour enfants, lettres spéciales, vieux calendriers) . Un placard rempli de fichiers jaunis et une table encombrent la pièce ; encore une autre porte au fond et on découvre le bureau minuscule dans lequel travaille Maria, grâce à qui nous avons pu nous installer dans le village (elle nous a accompagnés chez le maire pour demander l’autorisation de s’installer). Ecritures dans un grand cahier, pesée des colis, comptes financiers des habitants, point de renseignements administratifs (le bureau possède le seul téléphone fixe du coin) et point de vente de journaux, cartes de vœux, d’anniversaire, le boulot de Maria me rappelle les « métiers d’antan » dont nous avons parfois la nostalgie et  cette touche d’artisanat attire toute ma sympathie !
         
 
Des chevaux en semi libertées.
 
Détail d'une station de bus.

Quelques femmes sont venues nous voir mais ne restent pas longtemps discuter ; par contre , tous les ivrognes du village ont fait un détour par notre place (et ils en font beaucoup, de détours, pour rentrer chez eux…). Ainsi ces deux compagnons de la bouteille qui entreprirent la lecture du dictionnaire à partir de la lettre C ; ils ont finalement abandonné à « chou-fleur » après que la prononciation de « chœur » soit demeurée un mystère pour eux…Puis , suite à une répétition de musique avec les enfants , cet autre qui revient une heure plus tard avec un énorme sac plastique(« Paris » et la Tour Eiffel dessinés dessus)et insiste pour nous montrer ses talents. Il sort avec tendresse de l’étui de fortune un accordéon diatonique en bois de quarante ans d’âge ( sans doute, car il fait même beaucoup plus…) , au soufflet en tissu à fleurs pastels sur fond violet, raccommodé à chaque angle avec du scotch épais bleu vif. Puis il se met à jouer et à danser debout devant nous quelques morceaux dont il reste des traces dans les méandres alcoolisés de sa mémoire. La musique titube et le soufflet se contorsionne (même déployé, il se comprime et se tord car le scotch ne calfeutre pas toutes les fuites…), tandis que l’accordéoniste, derrière son vestige d’instrument au soufflet-paravent naufragé, continue sa danse et ses airs déglingués ; il nous transmet aussitôt son plaisir de partager ces quelques notes , ce qui ne lui est pas arrivé depuis longtemps peut-être. A la fin, il promet de revenir pour un duo accordéon-trombone avec moi mais pour l’heure il est tard et il doit rentrer chez lui, ça va lui prendre un peu de temps… En attendant, je n’ai reconnu qu’un seul air, russe, et le reste, impossible de comprendre s’il s’agissait de thèmes  ukrainiens ou autres. Nous aurons peut-être l’occasion de les réécouter « à jeun » mais ce ne sera pas aussi mémorable.
Des habitants penchés sur la bière ou la vodka, nous en avons vus plusieurs , mis sur leur trente et un (toujours ces principes…) aller à la messe , comme la grande majorité de la population ; le pope en personne est venu lire notre affiche, sans faire le moindre commentaire d’ailleurs. Ce qui n’est pas le cas des villageois qui nous ont immédiatement posé de nombreuses questions ; et toujours cette curiosité naïve  et franche qui les fait s’approcher de la yourte, jeter un œil, se pencher peu plus, s’appuyer à l’envergure de la porte, oser un pied à l’intérieur et finalement à peine attendre notre geste d’invitation pour y pénétrer entièrement ! Ce n’est pas le pope des lieux qui s’intéressera à nous, mais un autre homme d’église, en vacances à Téplö, qui viendra nous rendre visite à deux reprises et avec nous avons pu parler assez longtemps ; il a voyagé dans de nombreux pays et a plaisir à nous montrer sur l’atlas tous les pays qu’il connaît ; un personnage calme et agréable dont on ne sait pas beaucoup plus à cause de nos faibles rudiments de russe.
Quant aux ateliers, ils auront ressemblé plutôt à des chantiers avortés, ou animations à moitié réussies, donc à moitié échouées, tant ils étaient perturbés par quelques sales gosses, décidés à nous en faire voir de toutes les couleurs. Malgré cela nous avons réussi à accrocher la concentration et l’intérêt de certains et avons présenté les résultats de la semaine lors du spectacle ; ce fut court, très court… Nous avons offert le thé autour du samovar à la fin, et ce sont les enfants principalement qui se sont désaltéré ; tous adorent le thé, bien sucré , vu le bol de sucre vidé en quelques minutes.
Hier, après le démontage, sous une chaleur de plomb, nous avons emmené les enfants du village à la rivière, dans un endroit qu’ils connaissent bien, à deux kilomètres en contrebas ; ambiance très gaie à dix gosses dans le camion, on regarde par la fenêtre, on demande à quoi servent tel ou tel gadget, qui a fait ce dessin, qui est sur cette photo…Une fin de journée bien agréable au bord de l’eau avec eux ; Sergeï, Sacha, Dévör, Svetlana, Maroussia, Nikolaï , tous leurs prénoms nous jouent déjà une musique aux accents russes, mais il nous  faut patienter encore trois semaines environ et nous continuons donc à découvrir la vie et les paysages  ukrainiens.

En route pour les Carpates, qui écornent le pays au sud-ouest ; un parc naturel protégé dont on nous a dit du bien.
         

Sortie avec les enfants du village.
 
Segeï, Roman, Sacha, nos petites mains.
   
         

Unique accès à sec.
 
Les horaires de la poste.
 
Bus de Teplo.
 

Lougi, 21 au  31 juillet 2007

« ZACARPATI », c’est bien ce qu’on en disait : très beau parc national protégé, même d’un tourisme abondant…Les amoureux des randonnées et des cascades s’y donnent rendez-vous un point c’est tout.
Seule ville un peu plus fréquentée par des vacanciers : Iaremché , c’est là que nous faisons halte pour les informations satellitaires qui d’ailleurs ne donnent pas grand-chose. C’est là que, patientant sous un soleil implacable, quelqu’un m’appelle dans la rue ! c’est Valery et Lila nos amis ukrainiens d’Athis-Mons, eux aussi en balade dans les Carpates pour revoir leur famille et passer leurs vacances d’été. Nous éclatons de rire : la joie de se retrouver et l’étonnement enfantin devant ce joli tour de magie que nous jouent nos chemins ; on ne reste pas longtemps ensemble mais juste assez pour se serrer dans les bras et pour transmettre toutes nos amitiés à l’école St-Exupéry et aux amis d’Athis-Mons, voilà c’est fait, coucou tout le monde on est toujours avec vous…

Nous traversons Iacinya et avisons un village non loin de là ; nous tentons notre chance auprès du maire qui hésite et finalement (mal conseillé par une autre élue à ses côtés !) nous renvoie sur Iacinya avec deux adresses où d’après lui nos activités auront du succès et trouveront un public d’enfants nombreux : un camping et un immeuble de locations d’appartements de vacances… Fuyons !
Suivant nos propres lois d’orientation et d’intuition, nous arrivons au crépuscule au bout d’une vallée , LA vallée de Zacarpati : celle où la route à nouveau abandonne sa partie à la nature ; où bondit le Tissa entre ses galets et où de fières et sombres forêts cèdent leur place au « mont chauve » ukrainien, le Goverla, 2061 mètres, au pied duquel se trouvent quelques villages, dont Lougi. Cul-de-sac ou précieux écrin, c’est selon : à Lougi, tout le monde boit, va à l’église se faire pardonner ses excès, vit avec deux heures de décalage sur la ville de Khariv (située à 15 kilomètres environ pourtant), passe son été à faucher des prés plus escarpés ça n’existe pas, se couche à  8h ou 9h du soir, se lève à 5h ; c’est le côté « cul-de-sac ». Mais c’est aussi à Lougi qu’ayant croisé le maire la veille au soir, celui-ci a tout expliqué à son adjoint et dès le lendemain matin à la mairie, l’adjoint nous laisse carte blanche pour notre emplacement (à côté de l’école) et nos activités , et nous trouve dans l’heure le branchement électrique. « Faites comme vous voulez ; dites-nous de quoi avez-vous besoin », on est bien entendu très heureux de rencontrer des gens qui nous parlent de cette manière, c’est le côté «  écrin » de l’endroit. Le voici, notre endroit : sorte de tumulus où de gros blocs de béton et pans de murs enfoncés dans le sol avaient la prétention de nous faire croire hier  en pleine nuit à de splendides ruines antiques, ce qui fut bien vite démenti par le soleil matinal ; il s’agit des restes d’une école soviétique (c’est ce que j’ai compris des explications fournies par notre voisine) détruite à « la révolution » (comprendre la pérestroïka). Aujourd’hui les gosses s’y donnent rendez-vous pour des parties de cache-cache et les moutons y passent une bonne partie de leurs journées car l’herbe a repoussé partout. Derrière ces bancs de béton, un grand tapis de sciure pour nous installer, et au fond , de vieux troncs en vrac attendent d’être enlevés depuis sans doute un bon bout de temps déjà. Puis les toilettes et le « gymnase » de l’école (à part la résonance de cette salle complètement décrépite, je ne vois aucun rapport avec un gymnase !) 
Le décor est planté et il est plutôt un peu foutu ; mais si on regarde un peu autour de soi et si on lève les yeux , on se perd dans des pentes vertigineuses, des chemins qui s’enfoncent vers les sapins dont les cîmes noires se découpent gracieusement sur fond de ciel clair le soir, le tout saupoudré d’étoiles, paradis dans doute des fous d’astronomie…et on imagine là-bas, la Roumanie, peut-être bien le village de « Bania » ; la Slovaquie et la Pologne ne sont pas loin non plus , de l’autre côté, à quelques dizaines de kilomètres.
L ’école située au fond à gauche de la place est en réalité le jardin d’enfants qui accueille les 3-6 ans même pendant les vacances d’été ; nous sommes allés jouer pour les bouts de chou et avons pu visiter cet endroit charmant (dortoir, salle de jeux, cuisine, salle de bains…). Le dimanche le lieu est resté ouvert pour faire photographier les enfants : nous voyons alors passer un défilé de petits costumes, souliers  noirs et chemises blanches pour les garçonnets ; robes de tulle, nœuds à profusion dans les cheveux et socquettes blanches pour les fillettes ; certains parents s’arrêtent devant notre yourte et engagent la conversation, nous faisons notre « publicité » de notre côté pour les ateliers et le spectacle.

La séance de cinéma a lieu au club (semblable aux maisons de la culture en Roumanie, même usage sporadique, mêmes prises de courant au fonctionnement aléatoire, même couche de poussière sur scène et dans la salle, même poële à bois énorme et inutile) devant cinquante enfants ; il y  avait eu une discussion la veille un peu ardue entre Gérard, la responsable et le maire. La responsable voulait absolument faire payer les enfants, or nous ne demandons jamais d’argent, mais des produits « maison » ou produits alimentaires en général. Nous comprenons après explication que les jardins ne sont pas très riches en légumes ou fruits ;  que ce n’est pas grand-chose de demander une participation de trois grounias (ce qui représente un pain et demi environ), et que nous ferons marcher les petites épiceries du village en faisant nos courses avec l’argent gagné (ça, c’est ce que nous devinons car la responsable du club est une amie proche de l’épicière qui tient aussi le bureau de poste ; lettres et timbres traînent au milieu des boîtes de conserve, je ne posterai pas mon courrier depuis Lougi…)

Lougi ne possède bien sûr qu’une rue principale qui longe la rivière Tissa d’un bout à l’autre du village ; un de nos voisins vient droit à nous un soir et nous confie sa pensée : si la Tissa, qui naît ici au cœur des Carpates , continue sa  course vers la Roumanie et le reste de l’Europe, alors l’Ukraine aussi doit continuer son chemin vers l’Europe.
Olana, qui habite à l’angle de la place, a 80 ans ; la tête et les mains toutes tremblotantes, elle nous apporte tous les jours son lait, son beurre, son sirop de cassis ; de l’eau de source qu’elle est allée chercher haut dans la montagne. Tous les jours elle nous parle de sa vie (mari mort en Russie, restée seule ; une sœur en Roumanie, de l’autre côté de la montagne, autant dire qu’elle ne l’a pas beaucoup vue depuis le temps qu’elle vit ici ; elle se souvient de toutes les troupes militaires qui sont passées par ici, allemandes, slovaques, polonaises, russes ; elle « se souvient bien » de tous ces casques ) ; elle nous parle du travail dans le jardin, des animaux. Gérard est allé couper son bois pour l’hiver ; on est allés au marché ensemble à deux reprises dans la semaine et elle a acheté des douceurs aux enfants. C’est devenu notre babouchka ukrainienne, et le jour du départ on se serre sur le cœur et le cœur se serre…Olana ne sait pas lire mais sa voisine lui lira nos courriers.

         

Au coeur des Carpates nous faisons
notre bois pour l'hivers.
 
Une maison en bois qui a cent ans.
   
.
Babouchka faisant brouter sa vache
 
Babouchka démontant son alambic.
 
Olana devant sa maison.
         
Le dimanche précédent celui du spectacle, nous l’avons réussi grâce à Petro, qui habite à quelques maisons d’ici et qui, ayant fait notre connaissance en 5 minutes et voyant que nous étions un peu désoeuvrés, nous propose de nous emmener voir les sources au fond de la vallée. Nous nous entassons à neuf (nous six, le frère et la fille de Petro) dans sa superbe « Volga », et c’est parti pour trois heures d’une balade « carpatiscomique » ; Petro est très fair-play , s’il fonce sur les ornières, il pile net devant n’importe quel volatile et attend respectueusement que la bête à plumes ait fini de traverser. A bord, ambiance musicale avec des cassettes de variétés à bout de souffle ;les baffles ont fondu au soleil sur la plage arrière ; le pare-brise à l’avant est protégé par une teinte bleue azur et une icône accrochée par une ventouse. Un plafonnier de travers, un bouton de boîte de vitesse transparent avec des fleurs séchées incrustées dedans qu’il faut revisser de temps en temps, des rétroviseurs chromés et de la moumoute fauve sur les sièges peaufinent le style du véhicule. Toujours aussi classe, Petro prévoit une bouteille de vin pour ses amis français , que l’on débouche lorsque l’on arrive à la première source ;l’endroit est connu car de nombreux visiteurs viennent y pique-niquer, remplir leurs bouteilles ou bivouaquer. La source est protégée par une maison miniature en bois, à l’intérieur de laquelle on a placé un tronc évidé , minuscule bassin de rétention dans lequel on recueille l’eau soufrée et pétillante grâce à un gobelet en plastique. L’endroit est frais et l’ambiance bucolique…comme à la deuxième source où Petro va déboucher sa deuxième bouteille de vin ; heureusement le nombre de sources à voir s’arrêtera là et nous rentrerons sains et saufs au campement, mais auparavant nous aurons fait une pause chez la belle-mère de Petro qui habite en haut d’un sentier gravi avec fougue par la Volga (ces marques russes sont increvables, comme les camions, ; leur défaut c’est que ces véhicules sont très gourmands en essence).
 La maison traditionnelle est très confortable là-haut ; tandis que la belle-maman sort les pommes de terre, le fromage , le lard, nous prenons la douche chaude (quel luxe !) à tour de rôle dans la nouvelle petite salle de bains . Nous rentrons à la nuit est presque tombée et il est temps surtout pour Petro d’aller se coucher.
Le lundi et toute la semaine, nous avons animé les ateliers qui ont suscité des passions surtout pour le jonglage et deux ados ont progressé de façon étonnante en une semaine ; malheureusement les enfants ne sont pas venus assez nombreux pour que nous puissions présenter un travail le dimanche suivant. D’ailleurs une seule famille s’est déplacée pour le spectacle, et en tout avec quelques petits gosses on atteint le nombre de 25 personnes environ. Mais pour la famille qui s’est déplacée nous sommes heureux de jouer ; décidément à Lougi il n’y a pas seulement deux heures de décalage entre certains habitants et nous !
Nous quittons ce bout du monde pour se rapprocher du Mont Goverla par l’autre versant et nous traversons un massif montagneux où les villages et les maisons, réussites dignes d’œuvres de compagnons, ressemblent à ceux dessinés dans les livres de contes pour enfants : partout, des toits dorés (dômes des églises) ou argentés surchargés de décorations, des portails gravés, des verrières aux fenêtres étroites et ornées de découpes en bois finement dentelées, des murs recouverts de lamelles en forme de losange ou de motifs floraux ;  des peintures au pochoir aux couleurs vives.
 
Il nous reste environ deux semaines à passer en Ukraine ; nous décidons de retrouver notre premier village , ce qui nous rapproche la route de Kiev et qui est une façon agréable de passer un peu de temps en compagnie de Natacha et de Tania et de rencontrer de nouvelles personnes .Depuis hier nous sommes arrivés à Rakhnivka et le maire est venu passer la soirée avec nous : tout est réglé et l’école à côté de laquelle nous nous installons est dans un très beau parc, ombragé pour une fois…
 

Cherchez bien nous sommes en bas.
 
Micha apprenti jongleur.
   
   
Un petit tour dans ma Volga.
 
Surprise Iaremtch.
 
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