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Téplö 17 juillet 2007
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Atraction à la sortie de la messe. |
C'est pas mal chez eux. |
Et ils vont jusqu'en Sibérie. |
Pris sur le vif. |
Ici, les portables , les paraboles, les puits, les charrettes aux roues parfois encore en bois que l’on conduit debout , les brouettes modèle « facteur Cheval », les vélos pliables « années 70 », les scooters tout neufs ,les chevaux que l’on monte à cru, les antiques voitures et les Renault derniers modèles, les tracteurs surannés et les nouveaux mini-bus qui emmènent les passagers à la ville, tout cela se côtoie sur fond de potagers bien entretenus au pied des contreforts des Carpates où se niche Téplö. Notre emplacement se situe « au cœur » du village : entre l’église et la poste, face à l’arrêt de bus et à l’école, dont les grilles, restées ouvertes pour les vacances, laissent les vaches et les chevaux aller paître la pelouse du terrain de foot . L’un des chevaux sans doute un peu trop épris de liberté a les deux pattes avant « menottées » par un lien solide qui le fait claudiquer piteusement de notre terrain à celui de l’école : les lois de la campagne sont dures parfois… Le village comprend 1000 habitants environ mais quasiment une seule rangée de maisons s’étire sur plusieurs kilomètres le long d’une petite route unique qui se transforme au bout en chemin, si bien qu’on a l’impression de se retrouver dans un endroit très peu peuplé. De notre place, la pente descend doucement vers les kolkhozes abandonnés, piquée çà et là d’ossements de ferraille de machines agricoles appartenant à une autre histoire ; ce qui confère au tout un air un brin fantomatique et désolé. Néanmoins certains bâtiments sont en cours de réhabilitation et quelques ouvriers redonnent vie à l’endroit en journée. Au fond, la colline recouverte de sapins qui jouent aux ombres chinoises avec le coucher du soleil, paradis des amateurs de champignons dont nous nous sommes régalés, et que nous avons cueillis sur les conseils savants de notre jeune voisin Sacha, petit citadin d’Odessa, en vacances en ce moment chez ses grands-parents. A côté de nous, la poste partage ses locaux avec le centre sanitaire ; c’est une maison en bois précédée comme souvent ici d’un patio aux vitres manquantes autour de la porte d’entrée : ça ne fait rien, on ferme avec un gros cadenas le soir, on a des principes. A l’intérieur, deux autres portes indiquent quel service elles abritent ; côté poste , un vestibule étroit aux murs recouverts d’affiches et d’informations diverses (catalogues, magazines pour enfants, lettres spéciales, vieux calendriers) . Un placard rempli de fichiers jaunis et une table encombrent la pièce ; encore une autre porte au fond et on découvre le bureau minuscule dans lequel travaille Maria, grâce à qui nous avons pu nous installer dans le village (elle nous a accompagnés chez le maire pour demander l’autorisation de s’installer). Ecritures dans un grand cahier, pesée des colis, comptes financiers des habitants, point de renseignements administratifs (le bureau possède le seul téléphone fixe du coin) et point de vente de journaux, cartes de vœux, d’anniversaire, le boulot de Maria me rappelle les « métiers d’antan » dont nous avons parfois la nostalgie et cette touche d’artisanat attire toute ma sympathie ! |
Des chevaux en semi libertées. |
Détail d'une station de bus. |
Quelques femmes sont venues nous voir mais ne restent pas longtemps discuter ; par contre , tous les ivrognes du village ont fait un détour par notre place (et ils en font beaucoup, de détours, pour rentrer chez eux…). Ainsi ces deux compagnons de la bouteille qui entreprirent la lecture du dictionnaire à partir de la lettre C ; ils ont finalement abandonné à « chou-fleur » après que la prononciation de « chœur » soit demeurée un mystère pour eux…Puis , suite à une répétition de musique avec les enfants , cet autre qui revient une heure plus tard avec un énorme sac plastique(« Paris » et la Tour Eiffel dessinés dessus)et insiste pour nous montrer ses talents. Il sort avec tendresse de l’étui de fortune un accordéon diatonique en bois de quarante ans d’âge ( sans doute, car il fait même beaucoup plus…) , au soufflet en tissu à fleurs pastels sur fond violet, raccommodé à chaque angle avec du scotch épais bleu vif. Puis il se met à jouer et à danser debout devant nous quelques morceaux dont il reste des traces dans les méandres alcoolisés de sa mémoire. La musique titube et le soufflet se contorsionne (même déployé, il se comprime et se tord car le scotch ne calfeutre pas toutes les fuites…), tandis que l’accordéoniste, derrière son vestige d’instrument au soufflet-paravent naufragé, continue sa danse et ses airs déglingués ; il nous transmet aussitôt son plaisir de partager ces quelques notes , ce qui ne lui est pas arrivé depuis longtemps peut-être. A la fin, il promet de revenir pour un duo accordéon-trombone avec moi mais pour l’heure il est tard et il doit rentrer chez lui, ça va lui prendre un peu de temps… En attendant, je n’ai reconnu qu’un seul air, russe, et le reste, impossible de comprendre s’il s’agissait de thèmes ukrainiens ou autres. Nous aurons peut-être l’occasion de les réécouter « à jeun » mais ce ne sera pas aussi mémorable. |
Sortie avec les enfants du village. |
Segeï, Roman, Sacha, nos petites mains. |
Unique accès à sec. |
Les horaires de la poste. |
Bus de Teplo. |
Lougi, 21 au 31 juillet 2007 « ZACARPATI », c’est bien ce qu’on en disait : très beau parc national protégé, même d’un tourisme abondant…Les amoureux des randonnées et des cascades s’y donnent rendez-vous un point c’est tout. Nous traversons Iacinya et avisons un village non loin de là ; nous tentons notre chance auprès du maire qui hésite et finalement (mal conseillé par une autre élue à ses côtés !) nous renvoie sur Iacinya avec deux adresses où d’après lui nos activités auront du succès et trouveront un public d’enfants nombreux : un camping et un immeuble de locations d’appartements de vacances… Fuyons ! La séance de cinéma a lieu au club (semblable aux maisons de la culture en Roumanie, même usage sporadique, mêmes prises de courant au fonctionnement aléatoire, même couche de poussière sur scène et dans la salle, même poële à bois énorme et inutile) devant cinquante enfants ; il y avait eu une discussion la veille un peu ardue entre Gérard, la responsable et le maire. La responsable voulait absolument faire payer les enfants, or nous ne demandons jamais d’argent, mais des produits « maison » ou produits alimentaires en général. Nous comprenons après explication que les jardins ne sont pas très riches en légumes ou fruits ; que ce n’est pas grand-chose de demander une participation de trois grounias (ce qui représente un pain et demi environ), et que nous ferons marcher les petites épiceries du village en faisant nos courses avec l’argent gagné (ça, c’est ce que nous devinons car la responsable du club est une amie proche de l’épicière qui tient aussi le bureau de poste ; lettres et timbres traînent au milieu des boîtes de conserve, je ne posterai pas mon courrier depuis Lougi…) Lougi ne possède bien sûr qu’une rue principale qui longe la rivière Tissa d’un bout à l’autre du village ; un de nos voisins vient droit à nous un soir et nous confie sa pensée : si la Tissa, qui naît ici au cœur des Carpates , continue sa course vers la Roumanie et le reste de l’Europe, alors l’Ukraine aussi doit continuer son chemin vers l’Europe. |
Au coeur des Carpates nous faisons notre bois pour l'hivers. |
Une maison en bois qui a cent ans. |
. | Babouchka faisant brouter sa vache |
Babouchka démontant son alambic. |
Olana devant sa maison. |
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Le dimanche précédent celui du spectacle, nous l’avons réussi grâce à Petro, qui habite à quelques maisons d’ici et qui, ayant fait notre connaissance en 5 minutes et voyant que nous étions un peu désoeuvrés, nous propose de nous emmener voir les sources au fond de la vallée. Nous nous entassons à neuf (nous six, le frère et la fille de Petro) dans sa superbe « Volga », et c’est parti pour trois heures d’une balade « carpatiscomique » ; Petro est très fair-play , s’il fonce sur les ornières, il pile net devant n’importe quel volatile et attend respectueusement que la bête à plumes ait fini de traverser. A bord, ambiance musicale avec des cassettes de variétés à bout de souffle ;les baffles ont fondu au soleil sur la plage arrière ; le pare-brise à l’avant est protégé par une teinte bleue azur et une icône accrochée par une ventouse. Un plafonnier de travers, un bouton de boîte de vitesse transparent avec des fleurs séchées incrustées dedans qu’il faut revisser de temps en temps, des rétroviseurs chromés et de la moumoute fauve sur les sièges peaufinent le style du véhicule. Toujours aussi classe, Petro prévoit une bouteille de vin pour ses amis français , que l’on débouche lorsque l’on arrive à la première source ;l’endroit est connu car de nombreux visiteurs viennent y pique-niquer, remplir leurs bouteilles ou bivouaquer. La source est protégée par une maison miniature en bois, à l’intérieur de laquelle on a placé un tronc évidé , minuscule bassin de rétention dans lequel on recueille l’eau soufrée et pétillante grâce à un gobelet en plastique. L’endroit est frais et l’ambiance bucolique…comme à la deuxième source où Petro va déboucher sa deuxième bouteille de vin ; heureusement le nombre de sources à voir s’arrêtera là et nous rentrerons sains et saufs au campement, mais auparavant nous aurons fait une pause chez la belle-mère de Petro qui habite en haut d’un sentier gravi avec fougue par la Volga (ces marques russes sont increvables, comme les camions, ; leur défaut c’est que ces véhicules sont très gourmands en essence). La maison traditionnelle est très confortable là-haut ; tandis que la belle-maman sort les pommes de terre, le fromage , le lard, nous prenons la douche chaude (quel luxe !) à tour de rôle dans la nouvelle petite salle de bains . Nous rentrons à la nuit est presque tombée et il est temps surtout pour Petro d’aller se coucher. Le lundi et toute la semaine, nous avons animé les ateliers qui ont suscité des passions surtout pour le jonglage et deux ados ont progressé de façon étonnante en une semaine ; malheureusement les enfants ne sont pas venus assez nombreux pour que nous puissions présenter un travail le dimanche suivant. D’ailleurs une seule famille s’est déplacée pour le spectacle, et en tout avec quelques petits gosses on atteint le nombre de 25 personnes environ. Mais pour la famille qui s’est déplacée nous sommes heureux de jouer ; décidément à Lougi il n’y a pas seulement deux heures de décalage entre certains habitants et nous ! Nous quittons ce bout du monde pour se rapprocher du Mont Goverla par l’autre versant et nous traversons un massif montagneux où les villages et les maisons, réussites dignes d’œuvres de compagnons, ressemblent à ceux dessinés dans les livres de contes pour enfants : partout, des toits dorés (dômes des églises) ou argentés surchargés de décorations, des portails gravés, des verrières aux fenêtres étroites et ornées de découpes en bois finement dentelées, des murs recouverts de lamelles en forme de losange ou de motifs floraux ; des peintures au pochoir aux couleurs vives. Il nous reste environ deux semaines à passer en Ukraine ; nous décidons de retrouver notre premier village , ce qui nous rapproche la route de Kiev et qui est une façon agréable de passer un peu de temps en compagnie de Natacha et de Tania et de rencontrer de nouvelles personnes .Depuis hier nous sommes arrivés à Rakhnivka et le maire est venu passer la soirée avec nous : tout est réglé et l’école à côté de laquelle nous nous installons est dans un très beau parc, ombragé pour une fois… |
Cherchez bien nous sommes en bas. |
Micha apprenti jongleur. |
Un petit tour dans ma Volga. |
Surprise Iaremtch. |
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