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Du charbon pour tenir l'hivers.

Cherche locataire.

Dans la montagne.
 

Janvier 2008 à Oulan-Oudé 

Peu à peu les températures ont chuté et plus jamais le thermomètre ne remonte au-dessus des
-20°; le soir parfois des chutes de neige posent une nouvelle couche de blanc toute fraîche dans les rues et redonnent un coup de neuf au décor.
Depuis fin décembre la ville a préparé le Nouvel An : des sculpteurs ont « habillé » la place Sovietov, en taillant dans de gros blocs de glace les figures et personnages populaires de Bouriatie et de Russie : Gengis Khan (même sans le faucon et sans le trône, son « père » sculpteur lui ressemble beaucoup), la rivière Selenga, divinité féminine sortie des flots, le Père Gel et sa petite Fille des Neiges, un ours, symbole entre autres du parti de Poutine, un tigre,un aigle, et les animaux du calendrier chinois ; dans un coin, une chaîne de magasins d’alimentation s’est elle aussi taillée sa sculpture, avec une mascotte (macho en lunettes de soleil) appuyée sur les grosses lettres de la marque, « Titan ».
Les mains abîmées et les visages durcis par le froid ,des glaçons aux sourcils et aux moustaches, les sculpteurs ont fini à temps leurs œuvres pour l’inauguration. Dans la journée par un beau soleil on se promène dans ce musée plein air, où les statues, élégantes et imposantes à la fois, montées sur leur piédestal renvoient des reflets gris, blancs ou bleus, de vrais faux diamants éphémères. Au milieu des statues, les attractions : on peut offrir un tour de manège aux bébés (4 wagons minuscules sur un circuit de quelques mètres de diamètre), 50 roubles ; ou bien payer aux plus grands un  tour en traîneau, 70 roubles par personne (parcours ridicule autour de deux ou trois sculptures, de quoi briser les rêves de promenade  en troïka de n’importe quel touriste occidental). On se tourne plutôt du côté des grands ponts de glace qui ont été élevés (ça c’est gratuit et c’est beaucoup plus intéressant!) ; leurs escaliers débouchent sur des plates-formes sur laquelle petits et grands font la queue pour se laisser glisser de l’autre côté, sur les vastes plans inclinés en bois recouverts d’une lisse et épaisse couche de gel .Trois toboggans complètent ainsi le décor de la place , dont un pour les tout-petits (les 1-3 ans adorent !) : il faut voir ces poupons, quittant leur luge rembourrée par de chaudes couvertures, monter à l’assaut du « château fort », et se ruer sur la descente, pieds ou tête la première, arrivant tout ramassés ou les bras en croix et la chapka de travers, et moitié patinant, moitié courant , recommençant de plus belle. On peut glisser sur un morceau de carton, sur une de ces petites pelles en plastique prévues pour, ou sans rien, façon « locale » pour les habitués. Au grand toboggan , c’est le « concours » : les virtuoses descendent debout , avec leurs belles chaussures de ville pointues et aux semelles toutes lisses...ayant commencé debout, avec les mêmes chaussures , Gérard amorce en général sa chute au milieu de la descente…Les enfants s’en sortent pas mal et moi, toujours assise bien sûr , j’essaie de ne pas être hors sujet ; arrivé au pied du toboggan, avec l’élan,on peut glisser encore sur plusieurs dizaines de mètres et c’est l’occasion pour les « rapides » de se faire réceptionner par des policiers postés là afin de leur éviter d’aller se fracasser contre une sculpture ou au milieu de la foule. Embrassades involontaires, maladroites, l’occasion unique dans l’année pour la population de voir un représentant des forces de l’ordre de très près, et de le déséquilibrer dans une glissade mal contrôlée…
Au fond de la place, une patinoire surmontée d’un arc de triomphe ; on tournicote et on titube sous les regards impassibles d’une  famille de pingouins érigée en son centre.



Bois de chauffage.

Et puis l’animal de l’année : la Souris, d’après le calendrier chinois. Toujours de glace, ici elle joue de l’accordéon, là elle court à travers son morceau de gruyère, ou bien la voilà chapeautée à la bouriate, avec le bonnet conique bien enfoncé entre ses deux oreilles…
Pour se porter chance, la tradition est de coller une pièce de quelques kopecks sur les sculptures ; avec le froid, il suffit de souffler un peu sur la pièce, et ça colle immédiatement ! Des gosses chapardeurs , usant d’agilité et de patience rôdent autour des statues, décollent et grattent cette ferraille, espérant se refaire leur argent de poche !
 C’est plein de badauds, venus se faire photographier, comme nous, sous la banderole « bonne année ». Même le père Gel est là, en chair et en os, avec sa Sniégourotchka , et une souris, dont le costume ressemble un peu trop à celui de Mickey…Ils posent eux aussi pour les photos, offrent des bonbons et adressent leurs vœux aux enfants. Mais c’est  aussi plein de policiers ; l’endroit est surveillé jour et nuit, et la relève de l’équipe, tous engoncés dans leurs vestes, chapkas, ceinturés et gantés , vaut une reconstitution de film historique, d’autant plus que ça se passe juste …sous la tête de Lénine !

Les premiers jours de janvier laissent la ville désoeuvrée, une suite de dimanches d’hiver sans les jours de la semaine intercalés, nous laissant seuls avec un emploi du temps vagabond. C’est pendant cette période que l’on rencontre Alexeï, Svetla et leur petite fille Nastia. Attablés comme nous un soir au fast-food au coin de la place Sovietov, ils sirotent une bière, petit luxe de soir de congé. Nous ayant repérés, Alex se demande d’abord si Gérard n’est pas russe (il a tout fait pour : j’ai déjà dit pour les chaussures, mais il y a aussi la parka et la chapka) ; puis il me reconnaît avec Angèle, m’ayant croisée un jour dans un microbus. A partir de là, la soirée passe vite, autour des deux tables rapprochées : le travail, les parents, l’apprentissage de l’anglais, la famille, ceux qui ne sont plus là, et nous ce que l’on fait là. On sort faire une course de luges autour des sapins, avec les petites qui rient aux éclats ; nos tramways partent dans des directions opposées et avant de se quitter nous sommes invités à venir dans leur maison le lendemain après-midi.
Alexeï et Svetla habitent une de ces nombreuses maisons en bois des quartiers les plus anciens. Avec la neige qui recouvre les provisions de bois dans les cours ,avec des passages étroits non goudronnés, bordés de part et d’autres de palissades bancales entre les habitations, avec à l’ arrière-plan une fabrique ou un institut en briques, ces endroits sont le trait d’union entre la ville et la campagne et nous dépaysent de notre quartier central , qui a reconstruit son nouveau « complexe » en effaçant de la carte tout un ensemble de maisons en rondins, typiques de la Sibérie, mais sans doute pas bien placées au goût des investisseurs.
Ici, c’est tout petit et chaleureux : une première entrée pour laisser le froid dehors, puis la porte d’entrée sur la cuisine, où le poêle à bois ronronne en permanence, chauffant très bien la seule et unique pièce voisine, le salon, où Alex et Svetla dorment, en dépliant le canapé-lit , à côté du lit-cage de la petite. Pour l’instant c’est le repas qui nous attend et, suivant la coutume, ils recouvrent la table de mets et nous invitent à nous servir. Svetla a mis les petits plats dans les grands : il y a plusieurs salades, de la viande avec les pommes de terre, du lard fumé (encore une recette différente de la Roumanie ou l’Ukraine !), une boisson légèrement alcoolisée parfumée aux baies, un gâteau. Nous avons apporté des crêpes et des fruits, et tandis que les enfants se gavent devant la télé, nous regardons ensemble les photos de leurs albums :le nouvel an avec les copains au travail, le départ à l’armée, le retour, les anniversaires avec la famille d’ Irkoutsk, la naissance de la petite. Le frère, la sœur, les ami(e)s , la mère d’Alex, aperçus sur l’album, défilent devant nous en chair et en os pendant toute l’après-midi, butant régulièrement dans le sapin de Noël placé à l’entrée du salon : quelques mots de bienvenue, la curiosité sans doute, une visite pour que les enfants jouent ensemble. Un grand événement dans ce petit salon ! On a continué la conversation d’hier et on est allés un peu plus loin ; Alex travaille dans un entrepôt de marchandises en gros, et Svetla dans un jardin d’enfants municipal. Lui est mieux payé qu’elle, car tous les métiers dépendant de l’état sont très mal rémunérés, quelle que soit la fonction. Ils rêvent de venir un jour en France pour nous rendre visite. On se dit au revoir à la nuit tombée ; nous reprendrons certainement le sujet la prochaine fois qu’on se reverra, comme nous avons repris si simplement où nous en étions  la dernière fois.   


Chant cosaque.
 
Public de toute part.


L'oeil du professeur

Le 23 janvier 2008
Ils sont bien venus chez nous cette fois-ci, dimanche dernier, avec quatre poires, du pain noir et des chocolats…et, pour continuer de voyager ensemble, on a feuilleté le grand atlas que nous a offert ma mère, après leur avoir joué de la musique, après qu’Alex ait sorti sa collection de monnaie et offert des vieux billets d’argent russe, kazakh, kirghize, chinois, mongol à Gérard.
Bien que nos rencontres se fassent en-dehors de l’académie de culture, Sacha, qui nous avait accueillis en septembre, n’a pas oublié de nous inviter à une représentation des étudiants devant une délégation officielle venue de Chine ce mercredi 22 janvier. Au lieu du Cned à la maison, nous avons donc tous rendez-vous ce matin à 10 heures à l’auditorium de l’académie : cela ressemble à une sortie d’école, et le déplacement en vaut le coup. Ces dignes professeurs de l’académie sont sur leur trente et un, et le département danse et musique va nous offrir le meilleur pendant une heure et demie. On commence par les ensembles de musique et les chanteurs, qui joueront des échantillons de musique russe, mongole, de la musique classique, et quelques chansons de variété. Le portrait d’un (sans doute) célèbre joueur de balalaïka surveille de toute sa hauteur ces prestations. Les chanteurs cosaques ont de l’allure dans leur costume traditionnel, tout comme les joueurs de balalaïka basse, au fond de l’orchestre, à côté des accordéonistes ; celles-ci débitent consciencieusement leurs « traits », tout comme les « primas » (instruments  les plus aigus) sous la baguette intransigeante du chef d’orchestre qui, musique sérieuse ou plus légère, ne décoche pas un sourire de tout le concert.   
En face, applaudissements mesurés ; la délégation chinoise ne compte pas s’épancher en chaleureuses félicitations .Et pourtant, il y aurait de quoi, surtout quand vient le tour des danseurs, qui nous proposent eux aussi un petit tour d’horizon de tous les styles enseignés à l’académie. L’accordéoniste est là, juste à côté de nous. Il a déplié un morceau de tweed découpé dans un vieux pantalon sur ses genoux pour y poser son instrument ; sourire fatigué sculpté dans ses rides, les doigts courant sur ses claviers, comme s’il dansait lui aussi sur le tango russe, il enchaîne avec les airs traditionnels, précis, tendre et vivant. On fait sonner les bottes et les chaussures à talon sur le parquet ; puis défilent d’autres danses. Des sifflets et des cris des  Vieux-croyants aux smokings de danse de salon, de la street-dance aux  extraits de « Cats » ou des « mille et une nuits », les danseuses bouriates à l’écharpe vaporeuse élégamment tenue entre les mains ouvertes en guise de bienvenue terminent la représentation. Pendant que toute la délégation pose avec les étudiants pour l’incontournable photo souvenir de cette rencontre, une des enseignantes nous offre son livre « payé par Poutine » (dixit cette dame) sur les traditions musicales et dansées de la Bouriatie. Pour l’instant il semble que l’échange que nous attendions avec les enseignants de la boîte s’arrête là ; il nous reste encore quelques mois à passer ici, on verra bien.
Au Collège de musique, je découvre la joie de tirer l’archet sur les crins de cheval que constituent les deux cordes du « Morin Khour » car depuis ce jeudi 24 janvier le professeur, Boulat, me consacre une partie de son temps pour m’initier à l’art de son instrument. Dans la salle de cours minuscule, un vieux piano droit, une armoire, un bureau de pion, deux ou trois chaises, et deux instruments appartenant au conservatoire. Les têtes de cheval qui ornent les volutes des instruments ne viendraient-elles pas elles aussi des tableaux accrochés au-dessus du piano, représentant les steppes de Mongolie, avec yourtes et troupeaux en arrière-plan ? Boulat me parle d’Oulan-Bator et de son professeur de khour là-bas, et souhaite dès à présent que j’aie la chance de pouvoir y étudier. C’est comme si, déjà, on se rapprochait de notre troisième chapitre…
     

 

Cher(e)s Ami(e)s,

Lundi 31 décembre, le froid ne nous a pas empêchés de sortir, avec  toute la smala sur la place Sovietov   pour s'amuser à faire des glissades sur les toboggans de glace. Une multitude de gens de tous âges se lançant dans des rires et des cris, sur les pentes verglacées d'un pont -levis de château russe reconstitué en glace à l'occasion des fêtes.Une multitude de petits commerces se sont installés, vente de raquettes pour mieux glisser et moins abîmer les anoraks 50 roubles, petit tour en calèche ou en troïka à 50 roubles aussi   les 5mn, ou photo avec le Père Gel et… Mickey ! Une chaude ambiance  à -15°C ! Mais après avoir passé deux heures dehors, même bien emmitouflés dans nos parquas doublésle froid commence à pénétrer par nos chaussures, seule Angèle ne se plaint pas elle dort dans sa luge ; alors nous sommes rentrés dans notre barre d'immeuble…pour attendre minuit nous avons joué au rami ( jeux roumain entre stratégie et
hasard )…

Depuis plus d'une semaine on voyait bien des vendeurs de feux d'artifice installés un peu partout dans la ville avec deux tréteaux et une planche en guise de table et un écriteau   « Défense de FUMER, vente interdite aux moins de 16 ans ».On avait oublié que l'on était aux portes de la Chine, qu'ils étaient les inventeurs de cette fabuleuse distraction, et qu'elle était bien ancrée dans la culture bouriate.
Ainsi, après minuit, pendant plus de trente minutes, installés sur notre balcon au 5ème étage, les pieds dans la neige, nous avons regardé la ville s'embraser de mille feux d'artifice, de toutes parts jaillissaient des bleus, des rouges, des argentées,   des qui sifflent, des qui font des étincelles, des rasantes, des fontaines, des tourbillonnantes,  dans tous les quartiers les gens exprimaient leur envie de passer dans l'année de la Souris, en espérant je pense avoir tous leur  morceau de gruyère !…
Le matin nous découvrons un peu partout des petits tas de sable qui ont servi à bloquer les boîtes explosives, ainsi que les cartouches vidées …du bonheur d'hier soir. Dispersé dans la nuit, il faudra attendre une année entière pour retrouver cet émerveillement !Nous ne serons plus là ; en avril on va faire chauffer le moteur pour partir vers la Mongolie, rencontrer les constructeurs de yourtes, Kiki le chameau de Côme, les steppes et ses nomades et toutes les surprises que nous réserve le voyage…On vous envoie à TOUS nos meilleurs voeux pour cette nouvelle année

Amitiés

Gérard, Corinne, Silène, Amina, Imré, Angèle  

 
 

Attention au sol glissant
 
Danger chute de glace
 
Dame de Bouriatie
Oulan-Oudé, 2 décembre 2007 

Sept heures d'avance sur Paris, sept mois d'hiver par an environ... Depuis un mois, la vie se ralentit et s'emmitoufle dans sa chrysalide d'hiver; partout la ville est recouverte d'une croûte de neige glacée dure comme de la pierre, grise et bosselée sur les routes, blanche et glissante sur les trottoirs.
C'est l'époque des "figures libres" des passants, les semelles ou les talons aiguilles en patinage aléatoire,la chapka de travers, le sac agrippé des deux mains comme bouée de secours...les poupons de 0 à 3 ans , engoncés dans d'épais anoraks, bonnet jusqu'aux yeux, gants et bottes en peau, assis sagement de toute façon ils ne peuvent plus bouger un orteil... sur les petites luges en bois que tirent leurs parents en revenant du jardin d'enfants;c'est l'époque où après chaque averse de neige, un "corps de balais" dévoués et infatigables , retrace les chemins des piétons entre les blocs d'immeubles et les magasins, évitant ainsi de pires glissades. Ceux qui vivent au bord de la Selenga traversent maintenant la rivière complètement gelée pour rejoindre le quartier d'en face; cartables au dos, cabas ou sacs plastiques à la main, on économise quelques stations de tramway ou de bus. Dans les appartements, le givre drape tous les matins les fenêtres de motifs aux formes végétales et étincelantes ; si la fenêtre devient tableau du bas jusqu'en  haut, c'est que la nuit a été bien froide.


Stanislav, écrivain, dessinateur et
sculpteur du froid.
 
Seul devant sa glace.
 
Peau de chagrin.

Des perles de glace sur nos fenêtres.
 

Soleil couchant.

 
Un Sculpteur au travail.

Sur la place des Soviets, devant un sapin gigantesque, on dresse de grandes structures en bois qui accueilleront les sculptures de glace pour les mois à venir. Nous sommes très impatients d'aller admirer les sculpteurs sur glace et leur résultat final; cela fait déjà une semaine que les gros blocs transparents ont été entassés sur toutes les places de la ville à cet effet.  Au milieu de tous ces préparatifs je m'étonne que la ville n'ait pas eu l'idée de fabriquer un énorme bonnet de laine pour la tête de Lénine, recouverte elle aussi d'une couche de neige...
C'est aussi le temps des histoires ; Zinaïda, enseignante de français à l'institut des langues, reste quelques heures à la maison après le départ de ses étudiantes et  traverse les époques pour me raconter ses ancêtres bouriates, ses parents et grands-parents; comme les héros de nos contes, ils ont surmonté de dures épreuves, et comme les héros des contes, ces récits font écho à notre chant intérieur et tandis que le jour décline, l'imagination se réveille et l'évocation prend toute sa force; et Zinaïda de continuer ensuite sur les friponneries de Bouddahmchou, le héros populaire et rusé des Bouriates...
Le dimanche, ce sont les marionnettes et leurs marionnettistes qui nous racontent des histoires avec leurs mains;  deux boutons pour les yeux, un brin de laine pour les cheveux, morceau de tissu pour les habits...et ces mains magiques seront tour à tour une petite fille, la sorcière Babayaga, un vieil homme, et nous restons sous le charme de cette belle tradition.
Les tribus nomades autrefois vivaient dans de dures conditions; il fallait régulièrement déplacer le campement et aller chercher de nouveaux pâturages et de nouvelles sources. Il arrivait qu'une tribu abandonne à leur triste sort les plus vieux en quittant un emplacement; un jour, un jeune homme, ne pouvant s'y résoudre, décida de cacher son vieux père dans un de ses tapis et prit le chemin avec le reste de la tribu sans en souffler mot à personne. La nuit, le fils laissait son père se dégourdir les jambes et profitant de ce moment, le vieillard lui révélait  les différents endroits où se trouvaient les nouvelles sources et de bons pâturages. Et chaque jour, lorsque la tribu hésitait sur la route à prendre, le jeune homme emmenait hommes et bétail  vers une source, vers une prairie. Chacun se réjouissait et s'étonnaient également de voir ce jeune homme aussi habile à repérer infailliblement ces endroits; c'est alors que le fils sortit son père de sa cachette et expliqua que grâce à lui, ils avaient tous pu trouver les bonnes places. Ainsi la tribu se repentit et continua d'écouter les conseils des anciens.


Travaux public.
 
T'as jamais vu une chèvre de cirque!
 
On va rester là longtemps?

Autre lieu, autre cérémonie: l'envoi d'un colis postal. Les envois de cadeaux (vêtements chauds, jouets, savons etc) sont en ce moment fréquents à la poste et on peut gratuitement observer ce rituel depuis la file d'attente...
Tout commence par un formulaire rempli consciencieusement qui détaille le contenu de l'envoi, ce contenu étant entièrement vérifié par l'employée. On procède ensuite à l'emballage: la boîte en carton est enveloppée dans un grand sac en tissu blanc, fourni par la poste russe, mais que l'on coud soi-même à la main autour du paquet (prévoir son fil et son aiguille); évidemment, suivant l'habileté du couturier ou de la couturière , c'est cette étape de l'envoi qui peut faire varier la durée du spectacle, et pendant ce temps, la guichetière est allée vérifier sa cire sur le réchaud,  remet éventuellement de nouveaux morceaux à fondre, et prépare le sceau.
Le paquet, recouvert d'écritures, de codes, de numéros, est scellé à la cire chaude sur toutes ses coutures; son histoire va durer encore quelques semaines, le temps de traverser l'hiver et la Russie, avant de livrer son précieux contenu à son destinataire. C'est la fin du spectacle dans la file d'attente et l'on se sent ridicule à n'avoir plus qu'une triste enveloppe kraft avec des devoirs scolaires à envoyer.  

Enfin j'ai pu découvrir les instruments traditionnels mongols enseignés au collège de musique de la ville; il me sera bientôt possible d('étudier le "Morin khour",sous les conseils de Boulat, professeur et membre de l'ensemble national de musique bouriate," Baîkal Ensemble" . Saurai-je apaiser le chagrin d'un chameau, comme ce joueur de khour que l'on voit dans le film documentaire"Le chameau qui pleure", ou juste provoquer le désespoir et les plaintes de mes voisins? Pour le chameau, je ne le saurai pas avant d'être en Mongolie, pour les plaintes, ça viendra beaucoup plus vite ..

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