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Tobogan de glace.
 
Campement sur la rivière gelée.
 
Détail du chameau.

Corvée de bois!

« En février, il gèle à pierre fendre… »

Les sculpteurs d’Oulan-Oudé ne se le font pas dire deux fois. Cette année a lieu le premier concours de sculptures sur glace ; pendant une semaine et par -25° de moyenne, de 10h à la nuit tombée, ils transforment les blocs glacés en sages bouddhistes, cavaliers sortant des flots, éléphants surmontés de singes et d’oiseaux. Au fond de la place, la verdine et son tas de bois ; entre eux tous, solidarité et entraide permanentes. Les outils circulent, on aide les retardataires à finir, on soulève à trois ou quatre les parties taillées au sol et devant être placées au sommet des sculptures. Avec la manche de l’anorak, on lisse un museau, une main, un globe, pour qu’ils prennent davantage encore les reflets du soleil. Après quelques dizaines de litres de vodka écoulés, quelques câbles de tronçonneuse rafistolés, tous les copeaux et les « chutes » soigneusement ramassés par les employés de la ville, voilà la rangée de statues terminée et prête pour le jury... Le vainqueur a obtenu son prix lors de la cérémonie du nouvel an bouriate (ou chinois, le 6 février) ; l’occasion pour tous de se retrouver et d’arroser leur amitié de sculpteurs, solide comme le roc, cela va de soi. Et l’occasion pour nous d’être invités par l’un d’entre eux, Anatoli, à visiter l’endroit où il travaille.
C’est un atelier collectif, bâtiments en construction (construits de leurs propres mains), certains sont terminés, et de là sortent les commandes pour les villes ou les temples. On aperçoit les détails cuivrés d’une frise ; l’arrondi d’énormes cloches, le pied d’un cheval aux proportions gigantesques, différents travaux qui iront orner la façade d’un « datsan », ou bien le centre d’une fontaine.
Un dernier passage par la cantine où nous buvons le thé, à côté de la télé qui disparaît sous les esquisses en terre et nous rejoignons, depuis cette banlieue renfrognée sous la neige, notre quartier de centre ville et ses innombrables boutiques.
Comme depuis l’Ukraine, on vend ici de tout, partout, et même par grand froid…Sur les marches des escaliers, les gants et les écharpes, les caleçons , le bric-à-brac de la petite quincaillerie et les chaussettes pour enfants ; à côté, la résine de mélèze, les beignets à la saucisse, les cigarettes à l’unité. Hommes et femmes venus de la campagne posent sur le capot de leur voiture les conserves maison, énormes pots de plusieurs litres aux reflets verts, le lait ou les poissons congelés, et attendent le client toute la journée, faisant tourner le moteur pour garder un peu de chauffage à l’intérieur. Tous les produits de la campagne sont excellents et coûtent moins cher qu’au supermarché ; surtout ils nous permettent de changer un peu de notre salade de chou qui tient parfaitement le coup sur le balcon, et que, j’en ai bien peur, nous n’arriverons pas à finir avant le printemps …
Pour tromper toute cette attente, sur les stands, dans les cabines, dans les kiosques, vendeurs, chauffeurs, vendeuses, clochards dans les tramways et les cages d’escaliers, beaucoup de Russes lisent. On lit, on oublie le temps ; on lit pour imaginer ce qu’il y aura après tout ce froid qui empêche les gens de s’arrêter un instant dans la rue, de se rencontrer, de passer du temps les uns avec les autres.


Une p'tit voldka !
 
Fait pas chaud !

Une réplique d'une sculpture
de St Petersbourg.

Le 1er prix.
C’est pour nous une période particulière, sorte de pause forcée après tous ces échanges du printemps et de l’été dernier. Il reste les soirées au Molodiogni théâtre (chez Anatoli Baskakov) ; l’occasion d’améliorer notre russe encore très hésitant, en saisissant quelques mots, et entrer en contact avec les habitués (étudiants et professionnels) ou les visiteurs, venus d’horizons sinon pas aussi lointains que le nôtre, du moins tout aussi différents (quelques « officiels » ; des étudiants kirghizes, des chanteurs de variétés, des marionnettistes). Nous sommes non pas invités à venir voir chaque pièce de la saison, mais attendus de pied ferme chaque semaine ; et ce rendez-vous hebdomadaire dans ce lieu chaleureux (le théâtre est tout petit, mais il possède un bar, différentes pièces à l’entrée et sur le côté de la scène), nous sert de repère pour cette « traversée » hivernale.
 

Equilibriste.
 
Equilibre précaire.
 
Les écriture.
   
Le grand livre ouvert.
C’est pour nous une période particulière, sorte de pause forcée après tous ces échanges du printemps et de l’été dernier. Il reste les soirées au Molodiogni théâtre (chez Anatoli Baskakov) ; l’occasion d’améliorer notre russe encore très hésitant, en saisissant quelques mots, et entrer en contact avec les habitués (étudiants et professionnels) ou les visiteurs, venus d’horizons sinon pas aussi lointains que le nôtre, du moins tout aussi différents (quelques « officiels » ; des étudiants kirghizes, des chanteurs de variétés, des marionnettistes). Nous sommes non pas invités à venir voir chaque pièce de la saison, mais attendus de pied ferme chaque semaine ; et ce rendez-vous hebdomadaire dans ce lieu chaleureux (le théâtre est tout petit, mais il possède un bar, différentes pièces à l’entrée et sur le côté de la scène), nous sert de repère pour cette « traversée » hivernale.
           

La cariole du cantonier.
 
Mat de cocagne russe.
 
Le corbeau !
 

Mars 2008

Par Svetlana, administratrice du théâtre, nous faisons la connaissance de Vika (Victoria), qui travaille pour une association humanitaire. Grâce à Vika, et avec la fin de l’hiver, cédant peu à peu aux températures plus clémentes, nous retrouvons la finalité de notre voyage : échanger et partager les cultures. Nous sommes intervenus dans les deux orphelinats de la ville (enfants de deux à 15 ans environ ; petites mains, petites frimousses, cris de joie, plaisanteries avec les plus grands, quelques mots d’anglais bafouillés, rires, repas partagé ensemble, les photos en se quittant, des moments qui font passer la journée si vite !). Bientôt nous irons dans la réserve naturelle de Bargouzine (là où, paraît-il, les lamas peuvent voler d’une montagne à l’autre…réserve naturelle, ou surnaturelle !...), nord d’Oulan-Oudé, une journée de micro-bus; là se trouvent quelques villages assez isolés.
Un spectacle se prépare à l’académie; réussirons-nous à réunir sur scène des artistes qui n’ont pas les mêmes pratiques, des étudiants qui n’étudient pas au même étage? Rien n’est moins sûr ; avec beaucoup d’imagination, chacun devra se trouver, à travers son histoire, un lien de parenté avec … Léopold Kazamaroffs.

Déjà, nous préparons le départ pour la Mongolie ; une expo-photos dans le hall du théâtre bouriate m’a fait rêver à nouveau. Ce rêve n’est qu’à une journée de route; mais aussi quelques semaines de contorsions administratives (toujours l’impression d’être étroitement surveillés ici), quelques journées de remise en état du camion, des séries de devoirs scolaires à achever et un appartement à vider de toutes ses affaires !
Dimanche prochain (16 mars), départ en train de nuit (eh oui, ça y est, nous prenons le transsibérien) pour Tchita, où trois jours d’animatio
ns et de rencontres avec l’école de musique et la faculté de langues sont prévues.
« Et vot tak!»


Entre deux montagnes
 
Anatoli dans son théâtre
 
 

Mars 2008 à Oulan-Oudé
Trois jours à Tchita, Vallée de Bargouzin

Les deux orphelinats d’état ne sont pas très loin de la ville ; c’est par Vika, une amie de Svetlana administratrice du théâtre Molodiogni, que nous jouons pour ces enfants.
Dans le premier où nous intervenons, ce sont les enfants et adolescents ; ils traînent dans les couloirs, désoeuvrés (c’est la fin de la journée), et très curieux de tout notre matériel. Posent quelques questions  en anglais, se poussent des coudes en plaisantant entre eux sur notre accoutrement, sur le décor et les instruments de musique. Pendant et après le spectacle, on est bien avec eux, on se prend en photo les uns les autres  et on va dîner ensemble au réfectoire. Ces soirées-là , on rentre chacun chez soi, mais d’une certaine façon on reste encore un peu les uns avec les autres. Avec les petits (de 2 à 7ans), la rencontre s’est faite en milieu de journée ; des gosses très réactifs devant les objets « sauvages » pendant le spectacle ! On a eu droit à force applaudissements, cris et commentaires, et l’attroupement traditionnel en fin de spectacle autour de la famille et de son décor…Une « école maternelle qui fonctionne jour et nuit », c’est ainsi que la directrice présente cette maison, claire, soignée, pleine de photos et de dessins des enfants et pour les enfants ; bon vent à tous qui vivez dans cet endroit, petits, moyens, grands, c’est gai et animé, et grâce à vous ça le restera.

Puis Vika nous présente d’autres amis de son association ; c’est l’occasion de faire une rencontre singulière, celle de Nikolaï, conservateur des archives de la ville , mais pas seulement… Il nous invite à visiter son lieu de travail, un bâtiment à l’architecture typée, elle aussi à part au milieu des immeubles « clonés » de la ville, et qui déjà est une invitation au voyage. Lorsque nous arrivons, il nous entraîne dans le vaste sous-sol du centre : après deux escaliers, trois portes blindées (dignes du « Nautilus ») et deux couloirs, nous voilà dans une salle obscure, où la température descend à 15 degrés, et dont Nikolaï a l’entière responsabilité  (« seul il entre dans cette pièce, et seules les personnes qu’il a autorisées y pénètrent… »). Les néons s’allument, et le grand  coffre-fort  à livres  se révèle à nous ; partout, sur les étagères, des milliers d’ouvrages (50000, du 14 ème au 19 ème siècle  ) sommeillent, enveloppés dans leurs précieuses étoffes soyeuses aux couleurs vives et brillantes ; au fond, également des archives de la période soviétique, dont nous verrons quelques recueils photographiques très intéressants, avec de beaux clichés aériens notamment de la ville et de ses alentours.
Mais ce sont surtout les autres rayonnages que nous découvrons. Comme le violon Paëzka pour la famille Kazamaroffs ( mais là c’est en vrai !),  Nikolaï (spécialiste en langues anciennes mongole et tibétaine) et ses ouvrages sont toute la mémoire de la culture bouddhiste de la région ; avec également des ouvrages de médecine tibétaine, et une réserve d’objets rituels ainsi que des icônes ,  et des vieilles photographies de dignes lamas de Bouriatie. Le voyage dans le temps est accentué par le fait qu’à part un seul malheureux ordinateur (qui n’a pas fini de classer tous ces dessins et ces écritures…) rien ne rappelle l’époque contemporaine.

 
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